La marque du « Chien Léchant » n’est pas le fruit d’une blague privée. La référence libidinale de ce nom ne vous aura sans doute pas échappée, pour autant la seule chose que Le Chien Léchant emprunte à la libido c’est le désir profond dans lequel cette entreprise a pris naissance.
L’acte de Lécher, chez nos congénères animaux, relève d’une communication. Une chienne lèche ses chiots autant pour les nettoyer que pour les rassurer de sa présence. Quiconque partage son espace de vie avec un compagnon non-humain apprivoisé sait quelles réalités émotionnelles et comportementales complexes se cachent derrière ce geste. Signe d’affection certes, auquel il ne se réduit pas pour autant, mais aussi message et marque d’attention, le chien lèche pour prendre soin de lui-même et de l’autre mais aussi pour exprimer ses ressentis, signifier quelque chose d’important ou déplacer vers la langue une expérience qui le déborde. Quelle meilleure définition pourrions nous donner de cette forme de « léchage » sophistiquée que nous autres humains appelons la littérature ?
Au Chien Léchant, loin de nous refuser à la dimension animale de l’acte d’écrire nous la revendiquons. Nous nous réclamons de cette manière instinctive de prendre soin du monde en portant notre langue à son contact. L’encre, substituée à la salive, n’en a pas moins la qualité d’humecter l’expérience du vivant pour la rendre à la fois plus fluide et plus adhérente au réel. En cela, nos écrivants et écrivains sont à leur manière des chiens léchants : solitaires et solidaires, d’une sauvagerie apprivoisée qui fait sa place à l’autre dans le jeu et la rencontre des sens, prompts à bondir sur les idées et à japper, glapir, hurler ou aboyer pour honorer l’infinie diversité de l’expression écrite.
Qu’il s’agisse de partager des ateliers d’écriture, de faire émerger des rencontres autour d’un projet ou d’une œuvre ou de promouvoir celle-ci, Le Chient Léchant s’envisage comme un « poussoir de littérature apprivoisée » : nous célébrons la nature sauvage de la création littéraire et nous savons que son expression relève d’une lente maturation, d’un apprivoisement des mots par la réécriture et du respect des rythmes naturels et souvent souterrains de son inspiration.